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10 tendances en matière de diplomatie et de gouvernance numériques pour 2022

Published on 27 January 2022
Updated on 05 April 2024

En 2022, dix tendances vont s’accélérer dans trois grands domaines d’interaction entre le numérique et la diplomatie : la géopolitique et la géoéconomie numérique, les nouveaux sujets numériques dans les agendas diplomatiques et les nouveaux outils pour la diplomatie.

Vous trouverez ci-dessous une courte prédiction, des détails sur les événements connexes et une analyse politique pour chacune de ces 10 tendances.

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Contents

 

Géopolitique et géoéconomie numériques

En 2022, la géopolitique et la géoéconomie numériques obligeront les pays, les entreprises et les citoyens à faire des choix complexes et difficiles. Ces choix seront façonnés par la redistribution du pouvoir économique et politique entre les sociétés du monde entier et par la volonté des pays d’atteindre la souveraineté numérique – tout en conservant bon nombre des avantages de l’Internet interdépendant pour notre vie sociale et économique. 

L’analyse des tendances qui suit vise à éclairer au mieux ces choix difficiles. 

 

 

1. La redistribution numérique du pouvoir économique et politique va s’accélérer.

Comme nous le savons tous, les entreprises technologiques ont un pouvoir économique énorme. La capitalisation boursière d’Apple en 2021, qui s’élève à 3 000 milliards de dollars, est supérieure au PIB de l’ensemble du continent africain en 2021. Microsoft, Amazon, Meta, Alphabet, Alibaba, Tencent et d’autres géants de la technologie ont des niveaux de revenus et de bénéfices similaires. Le pouvoir des entreprises technologiques va bien au-delà de l’économie. Ces entreprises possèdent pratiquement (a)  toutes les données que nous produisons, et surtout (b) des connaissances approfondies et privatisées sur le fonctionnement des sociétés grâce à l’analyse de ces données. 

Ce pouvoir s’étend à la politique, où les entreprises technologiques sont en mesure d’influencer les élections ainsi que d’autres aspects de la société tels que la santé, la culture et le sport.

Après une période de timidité numérique initiale, les gouvernements font désormais jouer leurs muscles politiques. Cette tendance est devenue plus évidente lors de l’épidémie de la COVID-19. Dans les affaires d’antitrust et de sécurité des données, les gouvernements défient désormais les entreprises. Ils s’efforcent également de créer des cadres législatifs, de nouvelles politiques et de nouvelles directives sur l’IA, la cybersécurité, la gouvernance et d’autres questions.

Plus précisément, l’UE a une longue tradition de tentative de contrôle de la puissance économique des entreprises technologiques, principalement par le biais d’actions anti-monopoles et, depuis quelques années, de réglementations sur les données. Le gouvernement chinois a rétabli sa juridiction sur les géants de la technologie, en commençant par Alibaba l’année dernière. Aux États-Unis, l’action du gouvernement est beaucoup plus lente. Pourtant, on observe un élan bipartisan croissant pour freiner le pouvoir des entreprises de la tech. Cette tendance va encore s’accélérer en 2022

2. La pression en faveur de la souveraineté numérique va s’intensifier.

La souveraineté sera l’un des mots-clés en 2022, formulée de différentes manières comme souveraineté numérique, la souveraineté en termes de stockage de données, la souveraineté concernant l’Intelligence Artificielle (IA) ou cyber-souveraineté.

La promotion de la souveraineté numérique repose sur la nécessité pour les gouvernements d’avoir une compétence juridique sur les activités numériques sur leur territoire et de réduire les retombées négatives des réseaux numériques intégrés.

Toutefois, il sera beaucoup plus difficile de parvenir à une souveraineté totale dans le domaine numérique en raison de la nature en réseau de l’Internet et du pouvoir des entreprises technologiques.

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Les approches de la souveraineté numérique varient en fonction des systèmes politiques et juridiques des pays. Les approches juridiques comprennent la réglementation nationale et les jugements des tribunaux, tandis que les approches techniques peuvent varier entre le filtrage des données et la fermeture totale de l’Internet. 

Le terme «souveraineté» sera également plus souvent utilisé dans le contexte de l’autodétermination numérique des citoyens et des communautés, principalement liée au contrôle des données et aux futurs développements de l’IA.

 

3. L’interdépendance numérique nécessitera des arbitrages délicats et des décisions difficiles.

L’interdépendance numérique peut se manifester de manière très pratique et tangible, qu’il s’agisse de familles communiquant d’un continent à l’autre via des services de messagerie instantanée et de voix sur IP (VOIP) tels que WhatsApp et Viber, ou de l’utilisation d’Amazon et d’Alibaba pour le commerce et les achats en ligne. L’interdépendance numérique est également reconnue dans le rapport du groupe de haut niveau sur la coopération numérique du secrétaire général des Nations unies, intitulé L’ère de l’interdépendance numérique.

La compréhension et la gestion de l’interdépendance commencent par les câbles Internet, qui passent souvent sous le fond des océans. Des paquets de données sont envoyés par des câbles à fibres optiques, parfois par des satellites, lorsque nous envoyons des courriels ou regardons des vidéos sur YouTube. Comme cela s’est produit à plusieurs reprises, la coupure de ces câbles pourrait priver des pays entiers de l’accès à l’Internet. Ces câbles constituent donc une vulnérabilité majeure à l’interdépendance numérique.  Les transactions de commerce électronique et l’utilisation de monnaies virtuelles, la diffusion de fausses informations et d’autres activités numériques qui dépassent les frontières nationales ne sont que quelques exemples de l’interdépendance numérique des sociétés modernes.

L’interdépendance numérique repose sur la coopération entre une grande variété d’acteurs. Pendant longtemps, c’était le travail des professionnels de la technologie qui établissaient des protocoles et des normes Internet communs. Aujourd’hui, l’interdépendance numérique dépend de plus en plus de la coopération entre les pays eux-mêmes et les entreprises technologiques. Bien que les tensions soient nombreuses dans la politique numérique, il existe des exemples prometteurs qui pourraient contribuer à l’élaboration d’une politique numérique mondiale plus efficace.

Un exemple est la cyber détente qui a été déclenchée en juin 2021 par le sommet Biden-Poutine à Genève.  Elle a contribué à faire évoluer les relations entre la Russie et les États-Unis dans le domaine du cyberespace vers la coopération plutôt que vers l’escalade.

Dans le domaine économique, les liens entre la Chine et les États-Unis sont beaucoup plus profonds qu’on ne le croit. Le président de l’Institut d’études internationales et stratégiques de l’université de Pékin, Wang Jisi, affirme que «malgré l’escalade des difficultés politiques, les entreprises chinoises et américaines restent profondément intégrées en termes de réseaux financiers, intellectuels et de production. La grande majorité des entreprises chinoises et américaines n’adhèrent pas à l’idée du découplage». 

La gestion et l’optimisation de l’interdépendance numérique seront l’un des principaux défis des temps à venir. 

Les diplomates devront s’adapter à l’évolution de la géopolitique, de la géoéconomie et de l’environnement politique en 2022. À l’échelle mondiale, le pouvoir économique croissant de l’industrie technologique entraînera de nouvelles inégalités sociales. Cela entraînera à son tour des tensions et des instabilités sociales. Malheureusement, l’histoire a montré que les pays les plus puissants ont tendance à “exporter” les tensions internes en étendant leur pouvoir économique, territorial et politique aux nations plus faibles. Ces “stratégies d’exportation” conduisent souvent à des conflits, voire à des guerres.

La nécessité d’éviter ce schéma historique et de traiter les problèmes politiques différemment cette fois-ci est à l’origine de l’appel lancé par le Secrétaire général des Nations unies, dans son rapport intitulé “Notre programme commun“, en faveur d’un véritable dialogue menant à un nouveau type de contrat social à tous les niveaux de la société moderne. L’élément central de ce contrat social sera notre compréhension commune de l’utilisation et du développement futurs des nouvelles technologies. 

Dans ce dialogue axial de notre ère, les diplomates auront un rôle majeur à jouer pour promouvoir et protéger la souveraineté nationale, pilier de leur fonction, grâce à l’interdépendance avec les autres pays et sociétés. 

Le travail diplomatique sur un nouveau contrat social a déjà commencé par la négociation de nouveaux sujets sur l’agenda diplomatique.

 

Nouveaux sujets à l’ordre du jour diplomatique

Les sujets numériques sont un élément clé de la diplomatie moderne, ayant été mis en avant dans des rencontres bilatérales telles que le sommet Biden-Poutine et de nombreuses autres négociations régionales et mondiales. Depuis que nous avons commencé à préparer des prédictions annuelles il y a 10 ans, cette progression constante de la diplomatie numérique est évidente. Elle va s’accélérer en 2022 autour des tendances suivantes.

 

4.  Le numérique s’impose dans les négociations internationales.  

Le commerce électronique est en train de devenir un simple commerce. La santé numérique n’est plus que de la santé. La cybersécurité est une sécurité de base. À mesure que les préfixes numérique/cyber/e/tech sont abandonnés, l’impact de la technologie augmente dans l’élaboration des questions politiques traditionnelles. L’intégration du numérique va s’accélérer en 2022, en particulier dans les centres multilatéraux tels que Genève, Vienne, Nairobi et New York. 

Les ministères des affaires étrangères et les organisations internationales doivent s’adapter rapidement à cette transition, notamment en adaptant leurs organisations internes, en introduisant la politique étrangère numérique et en préparant les diplomates à devenir des passeurs de frontières entre les politiques technologiques et traditionnelles. L’intégration des technologies numériques peut être suivie dans trois grands domaines de la diplomatie mondiale : paix et sécurité, économie et développement, droits de l’homme et aide humanitaire.

 

5. La détente cybernétique entre la Russie et les États-Unis et la maturation des négociations mondiales sur la cybersécurité contribueront à accélérer la paix et la sécurité numériques.

Au cours des six derniers mois, la cyber détente a pris lentement son envol avec l’apaisement des tensions entre la Russie et les États-Unis. Dans les médias, on parle de moins en moins de cyber incidents entre deux pays. Leurs experts se parlent.

Les premiers résultats tangibles commencent à apparaître, notamment l’arrestation par la Russie de membres du groupe cybercriminel REvil. Toutefois, cette cyber détente est fragile, notamment en cas de guerre en Ukraine.

La cyber détente devrait contribuer aux processus multilatéraux sur la cybersécurité, le groupe de travail à composition non limitée de l’ONU (GTCNL ou OEWG), la cybercriminalité, le comité ad hoc de l’ONU pour une nouvelle convention sur la cybercriminalité), et le cyber désarmement, le groupe d’experts gouvernementaux de l’ONU sur les LAWS – Lethal Autonomous Weapons System (UN GGE LAWS). 

Le GTCNL s’appuie sur le premier mandat du GTCNL et sur les réalisations du Groupe d’experts gouvernamentaux des Nations unies, notamment 11 normes volontaires pour le bon comportement des États dans le cyberespace. Cependant, de nombreuses questions, allant des définitions aux instruments pratiques, restent ouvertes et non résolues. Le GTCNL dispose de beaucoup de temps pour parvenir à un consensus et à des solutions jusqu’en 2025 sur de nombreuses questions non résolues en matière de cybersécurité, qu’il s’agisse de définitions, d’interprétations ou d’instruments pratiques. 

La convention des Nations unies sur la cybercriminalité devrait être négociée jusqu’en septembre 2023 par le “comité ad hoc” des Nations unies. Il s’agit d’un calendrier très ambigu pour des négociations complexes, notamment pour trouver des solutions permettant d’intégrer les solutions juridiques et les expériences développées dans le cadre de la Convention de Budapest sur la cybercriminalité.

Le contrôle des systèmes d’armes autonomes létaux (LAWS) est négocié depuis 2014 dans le cadre de la Convention sur certaines armes classiques. Les négociations ont mobilisé la société civile sous la bannière ” Stop Killer Robots ” («Arretez les robots tueurs») . Les négociations n’ont pas fait de progrès majeurs, principalement en raison du manque d’intérêt des pays disposant d’une technologie militaire avancée, notamment la Russie et les États-Unis.

En savoir plus : Sécurité | Confiance

 

6. L’économie et le développement en 2022 seront façonnés autour des négociations sur le commerce numérique et des initiatives visant à réguler l’énorme pouvoir des entreprises technologiques via des instruments antimonopoles, des instruments fiscaux, et d’autres.

Outre Bruxelles, la plaque tournante traditionnelle de la réglementation des technologies, Pékin, ainsi que le Congrès américain et Washington DC, devraient réglementer davantage les entreprises technologiques. Tandis que les États-Unis et la Chine réglementent leurs propres entreprises, l’UE continuera de traiter avec les acteurs technologiques étrangers. Comme la principale bataille réglementaire en matière de technologies se déroule à Bruxelles, de nombreux autres pays suivent de près l’UE et adoptent des réglementations similaires, comme ce fut le cas avec le Règlament général sur la protection des données (RPDG) . 

En 2022, les regards se tourneront également vers l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour savoir si elle continuera à maintenir l’élan positif généré en 2021. L’année dernière, un sous-ensemble de membres de l’OMC a conclu les négociations sur la “réglementation intérieure des services” – le premier nouvel ensemble de règles sur les services depuis plus de 20 ans. Le même format “plurilatéral” a été adopté dans le cadre de l’initiative de déclaration conjointe (JSI) sur le commerce électronique. La JSI a un programme ambitieux qui englobe à la fois des sujets commerciaux traditionnels (par exemple, la facilitation des échanges) et plusieurs questions de politique numérique, telles que les flux de données transfrontaliers, la localisation des données, la protection des consommateurs en ligne, la vie privée et la neutralité des réseaux.

Au cours des derniers mois de 2021, les co-convocations de la JSI se sont montrées optimistes quant à la possibilité de parvenir à une convergence sur la majorité des questions d’ici la fin de 2022. Si les membres de la JSI sur le commerce électronique parviennent à un accord sur les principales questions de fond, cela conforterait les membres qui parient sur les JSI comme moyen de surmonter les impasses. Cela pourrait également amener l’OMC sur le devant de la scène en ce qui concerne le commerce électronique. Ces dernières années, la plupart des progrès en matière de réglementation ne sont pas issus de pourparlers multilatéraux, mais d’accords commerciaux régionaux.

Le plus grand défi pour les négociations commerciales ne sera pas de réaliser des progrès en 2022 – il semble y avoir suffisamment de soutien politique de la part des puissances du commerce électronique, comme les États-Unis et la Chine, et des centres normatifs émergents, comme Singapour, l’Australie et le Japon. Le plus grand défi sera de parvenir à des résultats équilibrés. La libéralisation du commerce électronique ne doit pas être une fin en soi, mais aussi un outil pour promouvoir la prospérité économique dans les régions en développement et les régions les moins développées du monde.

La concentration du pouvoir numérique et l’inégalité numérique figurent parmi les dix principaux risques susceptibles de menacer la stabilité mondiale, selon le rapport sur les risques mondiaux 2021, publié par le Forum économique mondial (WEF). Selon le rapport 2022, l’inégalité numérique est le principal risque à court terme dans les pays à faible revenu et en Afrique et en Amérique latine, les deux régions qui devraient connaître la plus faible croissance en 2022. Cela signifie qu’une répartition plus équilibrée de la richesse générée par l’économie numérique n’est pas seulement une question d’amélioration de la justice, de l’équité et de l’égalité, mais aussi une décision stratégique qui profiterait tant aux pays en développement qu’aux pays développés. 

Dans le domaine du développement, la numérisation sera le principal outil des Nations unies pour relancer la dynamique en vue d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD) avant l’échéance de 2030. 

 

7.  Un accent accru sur les valeurs dans la gouvernance numérique élèvera l’importance des droits de l’Homme en ligne.

Après la stratégie de l’administration Biden en matière de politique numérique mondiale axée sur les valeurs, il reste à voir comment elle sera mise en œuvre dans la pratique. De nouvelles initiatives politiques seront certainement inscrites à l’ordre du jour du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies et d’autres organismes internationaux de défense des droits de l’Homme. 

La pression exercée par l’UE en faveur d’une couverture transversale de la numérisation et des droits de l’Homme sera davantage intégrée dans les travaux du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies en 2022.

En outre, grâce à la numérisation, les droits de l’Homme seront également inclus dans les espaces technologiques traditionnels tels que les organisations de normalisation.

L’intelligence artificielle (IA) et le métavers placeront les droits de l’Homme au centre du débat sur la manière dont l’humanité gérera les progrès technologiques futurs.

 

8. Le mot “ouvert” est susceptible de devenir le mot-clé de la gouvernance numérique en 2022.

Les normes, les données et les logiciels ouverts ont façonné la croissance de l’Internet pendant des décennies, des normes internet ouvertes (TCP/IP, HTML) aux logiciels libres tels que Linux. Cependant, l’approche “ouverte” n’a eu qu’un impact limité sur l’économie de plateforme construite autour de systèmes d’entreprise et propriétaires. Cette situation devrait commencer à changer en 2022 en raison du soutien apporté à l’approche “ouverte” par des intérêts géopolitiques et économiques majeurs dans les domaines suivants :

  • Les États-Unis vont faire pression en faveur d’OpenRAN, une solution open source pour les réseaux 5G, afin d’inverser leur retard, principalement par rapport aux solutions propriétaires de Huawei dans le domaine de la 5G. Toutefois, Ericsson et Nokia, qui disposent également de solutions propriétaires pour les réseaux 5G, continueront à faire pression. Par exemple, Ericsson a appelé à une approche de marché ouvert pour les solutions propriétaires et open source pour la 5G. 
  • Dans le secteur stratégique et hautement concurrentiel des semi-conducteurs, on assiste à une poussée vers la conception de puces RISC-V à source ouverte, décrite comme le “Linux du monde des puces“.  La conception étant cruciale dans la fabrication des puces, le RISC-V va créer des bouleversements tectoniques sur les marchés numériques. 
  • Les appels à l’ouverture des données et à l’interopérabilité entre les plateformes technologiques vont s’accélérer, en particulier lorsque certaines d’entre elles risquent de perdre leur position sur le marché en raison du verrouillage d’autres acteurs, comme cela s’est produit entre Facebook/Meta et Apple. 

Indépendamment de la motivation tactique d’une plus grande “ouverture”, cette tendance contribuera stratégiquement à faire des actifs numériques des biens publics mondiaux.

Cette tendance à l'”ouverture” s’accélérera en 2022 et dans les années à venir, d’abord dans les travaux des organismes de normalisation, puis dans les activités des organisations commerciales, de défense des droits de l’homme, de développement et autres.

 

De nouveaux outils pour les activités diplomatiques

Des négociations et de la rédaction à la représentation et à la promotion, la numérisation des fonctions diplomatiques devrait s’accélérer en 2022.  L’utilisation des sites web et des médias sociaux dans la diplomatie arrive à maturité. Dans cette prédiction, nous nous concentrons sur les réunions hybrides, le métavers et l’utilisation de l’IA et des données.

 

9. Les réunions hybrides deviennent la “nouvelle normalité” de la diplomatie.

Les réunions hybrides sont celles où certains participants se réunissent sur place et d’autres interagissent en ligne. Afin de garantir l’égalité de participation en tant que pilier essentiel de la diplomatie multilatérale, l’avenir des réunions hybrides dépendra de la manière dont on abordera de nouvelles séries de problèmes et de questions en 2022 : 

 

  • La technologie. Comment assurer une interaction harmonieuse entre les dynamiques in situ et en ligne des réunions diplomatiques ?
  • La sécurité. Comment protéger les données et la confidentialité, notamment lors de négociations délicates ?
  • Protocole et procédures. Faut-il adapter les procédures existantes et en introduire de nouvelles pour réglementer les réunions hybrides ? 

En définitive, la question se posera de savoir si l’ONU et d’autres organisations internationales peuvent continuer à négocier sur des plateformes privées. Sur le plan des principes, comme elles se réunissent dans les bâtiments de l’ONU pour négocier dans la vie réelle, elles devraient disposer d’un espace analogue pour les réunions en ligne et hybrides.

Le développement des métavers remettra en question la nécessité des réunions physiques, car l’immersion virtuelle commencera à correspondre aux réunions réelles. L’immersion virtuelle fait déjà son entrée dans les salles diplomatiques, comme ce fut le cas lors de la réunion des Nations unies sur le suivi de la mission de vérification de l’ONU en Colombie. 

Virtual reality in the UN

Photo by Manuel Elias/UN Photo

 

10. En 2022, les diplomates utiliseront davantage l’IA et les technologies de données pour les négociations, la planification des politiques, les affaires consulaires et l’engagement auprès du public.

L’IA aidera les diplomates à identifier les tendances économiques, sociales et culturelles des questions qu’ils abordent et négocient. Les outils qui aident les diplomates à se préparer plus efficacement à des négociations complexes, comme le Trade Intelligence and Negotiation Advisor (TINA) de la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), vont probablement proliférer et prospérer dans la boîte à outils du diplomate. Les outils qui aident les diplomates à avoir une meilleure idée de la “situation sur le terrain” en permettant une conversation inclusive à grande échelle, comme le travail de la cellule d’innovation du Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix de l’ONU (UNDPPA) pour une paix inclusive au Yémen, sont également susceptibles de devenir plus largement utilisés. Les chatbots pilotés par l’IA seront probablement davantage utilisés pour un engagement massif avec le public sur les questions de politique étrangère.

Toutefois, les apports de l’IA, les données et la quantification doivent être utilisés avec la plus grande prudence. La diplomatie étant davantage une forme d’art qu’une science ou, dans le langage de l’IA, davantage un “problème conceptuel épais”, les diplomates devraient s’appuyer sur l’IA principalement pour identifier des corrélations susceptibles d’inspirer leurs stratégies et leurs négociations. Ils doivent être très prudents lorsqu’ils se fient aux attributions et aux recommandations causales fournies par les systèmes d’IA. 

Deux exemples de l’utilisation contextuelle de l’IA, des données et de la quantification sont le Data Sandbox de Diplo, qui identifie des modèles parmi divers ensembles de données sur le développement, l’économie et la santé, et le Speech Generator de Diplo, une expérience de rédaction de discours assistée par l’IA basée sur des déclarations antérieures sur, dans ce cas, la cybersécurité.

 

_____________________

En 2022, la diplomatie sera façonnée par la continuité et le changement : changement de son objectif principal, qui est de résoudre les conflits de manière pacifique ; changement de l’environnement géopolitique dans lequel la diplomatie opère, nouveaux sujets numériques sur l’agenda diplomatique et nouveaux outils que les diplomates utiliseront.

2 replies
  1. Vladimir Gorzhaltsan
    Vladimir Gorzhaltsan says:

    Yes, I have a question about
    2. The push for digital sovereignty will intensify. And (partly)
    5. Cyber detente between Russia and the USA, and the maturing global cybersecurity negotiations will help speed up digital peace and security.

    The US State Department considers (Cyber security: Deterrence Policy page 1, https://crsreports.congress.gov/product/pdf/R/R47011 ):
    «With regard to norms, two United Nations working groups have agreed to 11 norms of responsible state behaviors in cyberspace. However, these norms are nascent and it remains to be seen how nations will adhere to and follow the norms. The United States could lead in this space by directing agencies to actively participate in norms maturation and engage international standards-setting bodies on information and communication technologies.»
    Here’s the main question: “The United States could lead in this space.” But how to ensure a balance of interests? How to find a compromise?

    Reply
  2. Vladimir Gorzhaltsan
    Vladimir Gorzhaltsan says:

    Hello Jovan!
    This is a cool study. I wish I had seen it before.
    Thank you very much!
    Lover of the novel Master and Margarita.
    Vladimir

    Reply

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